Quels cépages pour sublimer les terroirs de montagne en Alsace ?

14 mai 2025 par Élodie et Julien

Ces terroirs de montagne, véritables joyaux du vignoble alsacien

Avant de parler cépages, parlons terroirs. En Alsace, les vignes de montagne se lovent principalement sur les contreforts des Vosges, entre 300 et 600 mètres d’altitude. Elles profitent d’une exposition généreuse, souvent sud ou sud-est, qui maximise l’ensoleillement tout en les protégeant des vents dominants.

Les sols y sont bien souvent minéraux : granitiques, schisteux ou gréseux. Leur drainage naturel est parfait pour la vigne, ce qui permet aux racines d’aller chercher en profondeur des nutriments essentiels, tout en luttant contre les effets de la chaleur estivale ou des pluies abondantes. Le climat, quant à lui, est marqué par d’importants écarts de température entre le jour et la nuit, idéal pour développer les arômes complexes des raisins.

C’est donc dans ces conditions de montagne que certains cépages emblématiques trouvent à s’exprimer avec brio, offrant des vins tendus, ciselés, aux minéralités souvent saisissantes.

Le riesling, roi incontestable des coteaux

S’il y a un cépage qui triomphe dans ces terroirs de montagne, c’est bien le riesling. Originaire d’Allemagne mais chez lui en Alsace, ce cépage blanc est particulièrement adapté aux sols souvent acides des massifs montagneux, particulièrement granitiques. Le riesling aime plonger profondément ses racines, ce qui lui permet de braver les faibles réserves d’eau en été tout en captant les nutriments rares au pied des Vosges.

Sur ces hauteurs, le riesling développe des notes uniques : il y a à la fois des arômes d’agrumes bien mûrs, des nuances florales délicates, mais aussi cette fameuse trame minérale qui évoque souvent le caillou chauffé au soleil ou le silex. Un exemple emblématique ? Les rieslings issus du grand cru Schlossberg, près de Kaysersberg, qui poussent sur des pentes en terrasses granitiques spectaculaires.

Le pinot gris, allié tout-terrain

Le pinot gris est un autre cépage phare des coteaux de montagne en Alsace. Capable de s’adapter à une variété impressionnante de sols, il prospère particulièrement bien sur les terrains pierreux et bien drainés des altitudes vosgiennes. Contrairement au riesling, souvent sec, le pinot gris peut donner des vins plus opulents, parfois moelleux en fonction des conditions de maturation.

Cette richesse aromatique s’explique aussi par l’exposition des vignes en montagne, où la fraîcheur nocturne vient renforcer l’acidité naturelle. En résulte un équilibre parfait entre rondeur et vivacité, avec des arômes de fruits jaunes, de miel et parfois cette fameuse touche fumée si caractéristique.

Parmi les exemples à ne pas manquer, les pinots gris cultivés sur le grand cru Brand, à Turckheim, tirent parti de sols granitiques pour sublimer leur complexité.

Le gewurztraminer, concentré d’arômes

Impossible de parler d’Alsace sans évoquer le gewurztraminer, ce cépage aux parfums envoûtants de litchi, de rose et d’épices. Mais saviez-vous qu’il se plaît également en altitude ? Sur des coteaux bien exposés, ses raisins grappés surmaturent aisément, permettant l’élaboration de vendanges tardives ou de sélections de grains nobles d’exception.

Sur les sommets viticoles, le gewurztraminer conserve fraîcheur et équilibre, essentiels pour contrebalancer son opulence naturelle. Les amateurs pourront découvrir de magnifiques exemples dans des lieux comme le célèbre grand cru Hengst, près de Wintzenheim, où le gewurztraminer gagne en tension grâce aux sols marno-calcaires.

Et les rouges dans tout cela ?

Les coteaux haut perchés ne sont pas que l’apanage des cépages blancs. Le pinot noir, cépage roi des rouges en Alsace, peut aussi y exceller. Sur ces sols pauvres et bien drainés, il donne des vins parfois plus légers mais d’une élégance rare, avec des arômes de petits fruits rouges, une belle acidité et une structure tannique délicate.

Des exemples notables ? Les pinots noirs du massif du Bollenberg, près de Rouffach, ou encore ceux cultivés sur les parcelles en altitude du Rangen, à Thann.

Les défis de la viticulture en montagne

Mais produire du vin en altitude n’est pas sans défis. Les pentes escarpées exigent une viticulture laborieuse, souvent manuelle, avec peu de mécanisation possible. Ce travail d’orfèvre contribue d’ailleurs à la rareté (et parfois à la cherté) des vins de montagne alsaciens. À cela s’ajoutent les conditions climatiques parfois extrêmes, notamment le gel printanier.

Néanmoins, ces contraintes donnent naissance à des vins d’une qualité incomparable, où chaque gorgée résonne comme un hommage aux efforts des vignerons.

Une balade à goûter

Pour découvrir ces cépages adaptés à la montagne, rien de tel qu’une balade sur les routes des vins d’Alsace. Des villages comme Kaysersberg, Turckheim ou Thann vous mèneront au plus près des coteaux où se dessinent ces trésors viticoles.

Et pour peu que vous arriviez au moment des vendanges, vous pourrez peut-être entendre, dans le crissement des feuilles et le cliquetis des sécateurs, une musique qui n’est autre que celle de l’Alsace, fière de ses montagnes et des vins qu’elles engendrent.

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